Side A
Side B
Le dessin n’est pas chose abstraite, il se trouve lié à son support de papier, devient un objet à part entière. Comme un morceau de cuir, il porte la dimension organique, presque l’odeur animale, humaine, l’humilité de notre condition et en même temps, magnifique, la possibilité de la grâce, l’élévation vers le divin.
Tout se mélange dans un flux accéléré, rapide comme un fil Instagram. Des dessins, de la peinture, de la musique, des instantanés pris avec un téléphone, trois fois rien mais la vie. La vie qu’on nous promet qu’elle va un jour finir par défiler sous nos yeux très vite, juste au moment ou on va partir. De l’encre, du feutre, de l’acrylique, un crayon de couleur, un bout de papier recollé ici… de la couture et du rafistolage, une urgence à reconstruire un folklore avec des morceaux éparpillés façon puzzle.
Ouf! je suis vivant! Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout… ça dépend des jours.
L’eau, le feu, le vent qui souffle et qui nous emporte, la terre humide qui nous attire comme un sexe. On y retournera bien assez tôt, pour l’instant je veux m’envoler heureux et triste, être de plumes et d’os. Je ne le savais pas mais je suis un shamane, je tâte le pouls de l’univers, je sens cette rivière sans nom me traverser.
Comment construire son identité avec des morceaux glanés ici et là, vite, parce que les esprits me talonnent, je les entends déjà derrière moi, leurs disputes et leurs chamailleries. A travers ce voyage au cœur de l’identité, de la culture et de la mémoire c’est l’homme que je cherche, l’homme nu, libre, Adam, le premier, et tous les autres.
Sylvain Silleran