Alive & Kicking

kiss kiss woof woof – love me like a dog
2020 / mixed media on paper 29,7 x 40cm

A midsummer night’s dream
2020 / mixed media on paper 29,7 x 40cm

Ech o e s of who? Ech o e s of you.
2020 / mixed media on paper 29,7 x 40cm

I am a rabbit – stop watching stupid TV shows.
2020 / mixed media on paper 29,7 x 40cm

Freedom is a salad.
2020 / mixed media on paper 29,7 x 40cm

Romeo and Juliet in Asakusa.
2020 / mixed media on paper 29,7 x 40cm

A kiss in the ocean.
2020 / mixed media on paper 29,7 x 40cm


Alive and Kicking

exposition de Sylvain SILLERAN

Samedi 26 Septembre, je me suis rendue chez Sylvain Silleran. 
Au sortir du tunnel confinement son appartement s’est rempli de grandes peintures de daims de Nara. Des douceurs aux yeux de miel peints sur du kraft brut, un mur rempli de peintures disparates, des piles de papiers et rouleaux peints sauvagement.

Sylvain c’est la passion. Autant mutique, qu’enflammé, il est tout à la fois :  graphiste, peintre, architecte, juif et chamane, chroniqueur autodidacte, touche à tout.

Sylvain ( Zhalman), Samuel Silleran( Silberman) du nom de ses deux grands pères est né le 8 Mars 1971 à Boulogne Billancourt, de mère Allemande et père Roumain. Il passe un Bac scientifique, fait des études d’Architecture, qui le mènent à une pratique de graphiste sur le tas autant que travailleur humanitaire. Il voyage partout, Asie : Chine, Népal, Laos, Thaïlande, Japon. Se dit autodidacte tous terrains. 

Je le vois comme aventurier de la vie.
« J’ai toujours voulu peindre. Il y avait chez moi des Paris Match où je voyais Picasso dans son atelier. Mes parents m’ont inscrit à un cours de peinture. A l’huile, je tartinai sec. »
Ses premiers cours lui ont fait détester le fusain :  puni pour mauvais dessins. 
« Quand j’étais enfant je n’arrivai pas à colorier dans les cases. J’étais déjà insubordonné et maintenant, j’assume. Ma culture dans les années 80 c’était Basquiat, Keith Haring, Warhol, la pop culture. J’ai commencé à faire des matriochkas, des minotaures version cruauté mignonne. »
Son style était graphique, les formes simples et stylisées teintes en aplats de couleur.

« Alive and Kicking » (En vie et donnant des coups de pieds) c’est le titre d’une chanson du groupe Ecossais SIMPLE MINDS que j’écoutais à 15 ans. Je n’envisage pas de peindre sans écouter de la musique « Marquel Moon » de TELEVISION. J’aime aussi le gros rock qui tache »
Bercé de bandes dessinées, de jeux vidéo, de culture populaire et Streets Art il a quelque chose de la rage adolescente et du punk.
Tuer le père !
Le rouge carmin ou sang de bœuf qu’il utilise en aquarelle très diluée 

« c’est le sang, c’est ce qui rend la chair vivante.
A partir d’un travail réalisé dans un atelier de modèle vivant, je tente d’entrer en relation avec le sujet. Mon improvisation guidée par la musique que j’écoute est aléatoire, le crayon trace de lui-même, le pinceau, il y va tout seul. J’essaye de sentir plus que d’observer. Je veux dans cette exploration à l’instinct être en lien avec mes souvenirs, mes voyages. Je veux parler du monde invisible, des douleurs qui nous habitent. J’essaye de regarder les choses que l’on ne voit pas avec les yeux. » 

« Qu’est-ce que c’est que de mourir, d’être en vie, d’être relié à son animalité. »

« J’ai des piles de dessins d’après modèle, c’est ma matière première. L’aquarelle, les feutres, les crayons de couleur, les tampons, les vieux dos d’enveloppe, les tickets de caisse, le fluo et le Bic « l’anti noblesse » vont recouvrir, transformer la peinture originale. »

Chaque peinture est faite de collages, d’inserts et de greffes., un vrai champ de mines.
« On colle plein de choses ensemble en une collision de mondes différents, un télescopage. » C’est un univers issu de l’enfance fait d’un patchwork né de la bricole, Art brut, brutal. Je vois chaque peinture comme talisman, carnet de voyage, journal. « Désapprendre le joli dessin, faut que ça déborde, que ça gicle »

« Faut que ça saigne » disait Boris 

Samedi 26 Septembre, fin de matinée, je quitte la rue Étex. Il pleut, mes mains sont rouges. Un peu de cette rage m’accompagne, joie, pleurs, blessures, tout à la fois.

« Alive and Kicking »
Je pense à Artaud, à Van Gogh, à Basquiat. 
J’entends le cri des indiens dans l’escalier. 

Quelques plumes parsèment les marches. 

Un ange passe

Myriam BOCCARA